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Henri de Rothschild Henri James Nathaniel Charles de Rothschild
Paris, 1872 - Jouxtens-Mézery, Vaud (Suisse), 1946
Psychologue et médecin, photographe, auteur de nombreux articles et d'ouvrages ayant trait essentiellement à la médecine ou au théâtre, Henri est un écrivain polygraphe, connu sous des pseudonymes divers : André Pascal, Charles de Fontaines, René Maugars. Son journal inédit (Londres, Archives Rothschild), sa correspondance (Paris, Bibliothèque nationale de France), ainsi que des pièces de théâtre autobiographiques, comme Crésus (1913), permettent de restituer quelques traits marquants de sa biographie.
Fils de James-Edouard et Thérèse de Rothschild, Henri passe une partie de son enfance, après la disparition précoce de son père, dans une atmosphère austère, marquée par la longue maladie de sa mère Thérèse (1884-1895). Dès cette époque, alors seulement âgé d'une dizaine d'années, il entreprend de réunir une petite collection d'objets d'histoire naturelle, pour ensuite tourner assez rapidement son attention vers les autographes. Dès les années 1890, il échappe à la tradition familiale, en préférant à une carrière financière, les études médicales qu'il terminera en 1905. À partir de ces années, il fera construire un certain nombre de dispensaires et hôpitaux. En 1895, il épouse une amie de sa sœur, Mathilde Weisweiler.
Henri et le théâtre
L'année 1905 marque l'entrée d'Henri sur la scène et ses pièces commencent à être jouées au théâtre, entre Paris, Londres et Bruxelles (on lui doit une quinzaine de pièces). Il est aussi directeur de plusieurs théâtres (le théâtre du Gymnase, le Moulin de la Galette) et fait bâtir le théâtre Pigalle entre 1925-1929, l'un des lieux plus modernes de son temps, comme l'affirme Jean Cocteau lors de son inauguration (Cocteau, 1929 ; Prevost-Marcilhacy, II, p. 204 et 210-211). Au théâtre Pigalle, il proposera une nouvelle conception de l'espace intérieur, en y organisant des expositions d’œuvres d'art destinées à une démocratisation de la culture. Le spectacle inaugural de 1929 sera ainsi accompagné par une exposition dédiée à Chardin (un artiste particulièrement apprécié par Henri) et d'une présentation de livres et d'autographes.
Son intérêt le porte à constituer une importante bibliothèque théâtrale de 6 115 pièces (XVIIe-XXe siècle) qui représente aujourd'hui un ensemble de très grande valeur parmi les dons à la Bibliothèque nationale de France.
Ses collections d’œuvres d'art
Les collections d'Henri étaient conservées entre son hôtel parisien du 33, Faubourg-Saint-Honoré, le château de la Muette, rue André Pascal, qu'Henri fit construire entre 1914 et 1924 et où il réunit les œuvres d'art héritées de sa mère et de sa sœur et sa résidence estivale, l'abbaye des Vaux de Cernay, acquise par sa grand-mère, la baronne Nathaniel en 1870 et héritée par Henri de son oncle Arthur.
Il enrichira la série d’œuvres de Chardin de sa grand-mère la baronne Nathaniel et celle de peintures de Boilly de son oncle Arthur.
Un aperçu de ses dons
Les libéralités d’Henri concernent essentiellement la Bibliothèque nationale de France à qui il destinera sa collection d’autographes en 1933 (plus de cinq mille pièces ; Michèle Le Pavec, 2016) et en 1947 sa collection de livres, l'une de plus importantes collections privées de son époque, comprenant à la fois les livres réunis pas son père, sa mère et par lui-même.
Henri a également fondé avec sa mère Thérèse, une bibliothèque populaire à Gouvieux (Barthélemy, 1896 et 1903) en offrant à cette institution un ensemble important de livres conformément à l'idéal de culture défendu par l'État républicain. Suivant la tradition familiale et l'exemple de la baronne Nathaniel, sa grand-mère, et de ses oncles Alphonse et Edmond James, Henri a aussi contribué à enrichir les collections des musées de province, avec une trentaine de dons faits entre 1905 et 1912 (Prevost-Marcilhacy, 2016, II, p. 220-227).
Laura de Fuccia, Chef de projet, Institut national d'histoire de l'art
Théâtre Pigalle, 10-12, rue Pigalle dans le 9e arrondissement, inauguré en 1929 et disparu en 1949.
En savoir plus
Bibliographie
– Barthélemy, Edmond, Catalogue de la bibliothèque Henri de Rothschild à Gouvieux, Paris, Chaix, 1896 et 1903.
– Cocteau, Jean (préface) et R. Lara, Le Théâtre Pigalle, ses éclairages, sa machinerie, Paris, Draeger, 1929.
– Prevost-Marcilhacy, Pauline (dir.), « Henri de Rothschild, 1872-1946 », dans P. Prevost-Marcilhacy (dir.), Les Rothschild, une dynastie de mécènes en France, 3 vol., Paris, éditions du Louvre/BNF/Somogy, II, 2016 et notamment, dans cette section du volume :
– Le Pavec, Michèle, « Autographes à la Bibliothèque nationale, 1933 », dans P. Prevost-Marcilhacy (dir.), II, p. 236-243.
– Motsch, Sophie, «Têtes de mort au musée des Arts décoratifs, 1926 », dans P. Prevost-Marcilhacy (dir.), 2016, II, p. 228-235.
– Prevost-Marcilhacy, Pauline, « Henri de Rothschild », dans Pauline Prevost-Marcilhacy (dir.), 2016, II, p. 204-219.
– Prevost-Marcilhacy, Pauline, « Le mécénat envers les artistes vivants en faveur des musées de régions », 1906-1914 », dans P. Prevost-Marcilhacy (dir.), II, p. 220-227.
Ressources en ligne