Vue du Stromboli par Baldomero Galofre y Giménez

Au musée des Beaux-Arts de Dunkerque

Baldomero Galofre y Giménez, Vue du Stromboli depuis la côte calabraise (C) Hervé Cabezas

Baldomero Galofre y Giménez
(Reux, Catalogne, Espagne, 1845- Barcelone, 1902)

Vue du Stromboli depuis la côte calabraise (Tropea ?) dite La Baie de Naples

Aquarelle sur papier beige
H. 65,6 cm ; 99,6 cm
Signé en bas à droite, à l’aquarelle rouge : B. GALOFRE
Dunkerque, musée de Dunkerque, inv. BA.D.12
Don d’Alphonse de Rothschild, 1888

Vue du Stromboli depuis la côte calabraise (Tropea ?). Un don d’Alphonse de Rothschild suggéré par Paul Leroi, au musée des Beaux-Arts de Dunkerque.

D’abord élève de Ramon Martì i Alsina à l’école d’art Llotja de Barcelone, Baldomero Galofre y Giménez poursuivit ses études à l’école des Beaux-Arts San Fernando de Madrid. L’Italie marqua durablement sa vie. Arrivé second au concours d’accès à l’Académie d’Espagne à Rome (spécialité paysage), il y fut pensionnaire dans les années 1870-1880. À l’Académie Chigi, il s’initia à la peinture du modèle vivant. Admirateur de son compatriote Mariano Fortuny (1871-1849), il le suivit à Naples et s’inspira de son traitement de la lumière. Pendant son séjour dans le sud de l’Italie, il se lia surtout à Domenico Morelli, aux frères Palizzi et à Eduardo d’Albono qui influencèrent son art de la peinture de paysage. À la suite de plusieurs différents avec le directeur de l’Académie d’Espagne, José Casado del Alisal, sa bourse fut réduite de six mois. Il exposa dans toute l’Europe, de la Royal Academy de Londres au Salon de la Société des Artistes français à Paris (en 1882) et retourna plusieurs fois en Italie. En 1890, il s’installa en Espagne, sillonna le pays et représenta de nombreuses scènes de genre, dont plusieurs illustrèrent le livre La España pintoresca.

Légendée La Baie de Naples depuis sa donation, l’aquarelle de grand format du musée de Dunkerque est inédite. Insolée d’avoir été trop exposée, elle a malheureusement perdu l’intensité de ses couleurs. Elle se rattache aux nombreuses vues de plages peintes par l’artiste mais s’en distingue par son dépouillement. Toute en longueur, plus des deux tiers de sa partie supérieure sont occupés par un ciel originellement bleuté et dépouillé de tout nuage, qui n’est séparé du ruban inférieur de la plage, ponctué de quelques pierres et d’une végétation rare, que par un fin trait bleu formé par la mer à l’horizon. Dans ce paysage écrasé sous le soleil du sud de l’Italie, dans le fond à gauche, des pêcheurs s’affairent autour de leurs embarcations et réparent leurs filets, tandis que se profile un volcan d’où s’échappe de la fumée. Spécialiste de la topographie de Naples et de ses environs à l’université de Naples, M. Massimo Visone a été surpris par l’intitulé de l’œuvre car ce type de plage longue et plate n’existe pas sur la côte de Sorrentina et il est étrange que le volcan soit représenté sans la cote. En accord avec M. le professeur Leonardo De Mauro, il pense donc qu’il pourrait plutôt s’agir d’une vue de l’île de Stromboli pris depuis la côte calabraise, où les longues plages sont nombreuses, et même plus précisément depuis Tropea, qui est le point le plus proche de l’île, visible par temps clair, ce qui expliquerait la fumée s’échappant du volcan comme posé sur l’eau.

Hervé Cabezas, conservateur du Patrimoine, musées de Dunkerque