Princesse Marie Gortchakov-Sturdza (1849-1905), par Jules-Clément Chaplain

Au musée Petiet de Limoux (c) musée Petiet de Limoux

Princesse Marie Gortchakov-Sturdza (1849-1905), par Jules-Clément Chaplain

Jules-Clément Chaplain
(Mortagne-au-Perche, 1839 - Paris, 1909)

Princesse Marie Gortchakov-Sturdza (1849-1905)

Deux épreuves fondues en bronze argenté
1895
H. : 9,5  cm ; L. : 7,5 cm
Limoux, musée Petiet, Inv. 905.054 (droit de la plaquette)
Inv. 905.010 (revers de la plaquette)
Don Alphonse de Rothschild, 1903-1905
 

Conservée dans les collections du musée de Limoux sous la forme de deux épreuves en bronze argenté, cette plaquette porte le souvenir de la Princesse Marie Sturdza (Paris, 1849 - Monté Carlo, 1905), devenue Gortchakov par son mariage avec Constantin Gortchakov (1841-1926) en 1868.

Sur le droit de la plaquette (inv. 905.054), la princesse est représentée en buste, tournée vers la droite, portant une robe agrémentée sur la poitrine d’un nœud et de broderies de perles. Ses épaules sont décolletées et entourées d’une cape garnie de fourrure dont le rendu touffu vient contraster avec la surface lisse de sa peau. Coiffée avec soin, le visage apparaît très strict, sans qu’aucune trace de la maturité de cette femme, alors âgée de 46 ans, ne transparaisse dans le portrait. C’est là tout l’art de Jules-Clément Chaplain. Portraitiste officiel des présidents de la République, il est dans les années 1890 un artiste très couru dans la haute société. Le talent de Chaplain réside dans sa capacité à rendre avec précision la réalité physiologique de ses modèles, tout en réussissant aussi à reproduire leur psychologie. Cette acuité a fait sa renommée. Une femme du rang de la princesse Gortchakov se devait donc d’avoir son profil fixé pour l’éternité dans le bronze d’une plaquette.

Au revers (inv. 905.010), le médailleur a rendu dans un réalisme quasi photographique la résidence de la famille Gortchakov à Sant’Agnello, au sommet d’une arête rocheuse donnant à pic sur la péninsule de Sorrente. Construite en 1792 dans un style palladien, la villa Syracuse tient son nom de son commanditaire, Paul Léopold de Bourbon, comte de Syracuse. En 1885, elle est acquise par Constantin Gortchakov, écuyer du tsar Alexandre II et attaché au ministère des Affaires étrangères russes. En sa qualité de diplomate, il vit depuis les années 1850 à Marseille, mais dans les années 1880 il cherche une résidence fastueuse dans le golfe de Naples. Après plusieurs années de rénovation, la villa est inaugurée en 1893 et devient un lieu de villégiature privilégié de la noblesse russe.

Ces deux épreuves forment donc les faces d’une même plaquette qui pour des raisons pédagogiques de présentation ont été dissociées et collées dans un cadre de médailles. En revanche, on ignore pourquoi les deux faces se retrouvent dispersées dans les écoinçons droits du cadre et non pas posées côte-à-côte. De manière très étrange, le buste de la princesse se retrouve ainsi confronté à celui de Marcellin Berthelot (1827-1907), chimiste et secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences (inv. 905.053) qui n’a sûrement jamais eu l’occasion de rencontrer la princesse russe.

Katia Schaal, Institut national d'histoire de l'art, chargée d'études et de la recherche

En savoir plus

– Schaal, Katia, Jules-Clément Chaplain (1839 - 1909) médailleur, sculpteur et acteur de l'essor de la médaille. Sous la dir. de Béatrice Coullaré et d’Anne Pingeot, Master 2, Hist. art,  École du Louvre, 2012, vol. II, p. 213, cat. 105.

– Mazerolle, Fernand, J.-C. Chaplain, biographie et catalogue de son œuvre, Paris, R. Serrure, 1897, n° 106.