La Buveuse, par Pieter de Hooch

Au département des peinture du musée du Louvre

La Buveuse, par Pieter de Hooch

English version   

Pieter de Hooch

(Rotterdam, 1629 - Amsterdam, 1684)

La Buveuse

1658

Huile sur toile
Paris, musée du Louvre, département des Peintures, inv. RF 1974-29.

Ancienne collection Alphonse de Rothschild ; collection Edmond James de Rothschild ; don de Madame Piatigorsky (Jacqueline Rebecca Louise Rothschild), 1974.

Après une première formation à Rotterdam, le peintre Pieter de Hooch poursuit son apprentissage à Haarlem auprès de Nicolas Berchem (1620-1683), puis s’installe à Delft vers 1650. C’est à l’apogée de la période delftoise qu’est peinte cette Buveuse, datant de 1658 et portant autrefois le titre « La bonne compagnie » alors  qu'elle se trouvait dans la collection d’Alphonse de Rothschild dans son hôtel de la rue de Saint-Florentin (L’Art, 1905). Cette phase delfoise de la carrière de l’artiste se caractérise par une peinture plus intimiste, privilégiant les sujets domestiques et une gamme chromatique plus lumineuse que dans la période précédente.

Dans cette œuvre, une femme vêtue d’une robe rouge et d’une veste argentée figure au centre de la scène figure alors qu’un homme debout lui sert du vin en présence d’une autre femme plus âgée jouant le rôle de l’entremetteuse. La scène se déroule dans un intérieur où l’espace se construit en profondeur en s’ouvrant sur un vestibule par une échappée de la première pièce, puis sur une autre pièce. La présence d’un tableau représentant Le Christ et la femme adultère, accroché sur la droite,suggère une interprétation moralisante de cette scène galante – selon le procédé de la peinture dans la peinture que le peintre affectionnait particulièrement.

Malgré la diversité de thèmes et de genres, l’intérêt pour la lumière, la perspective et l’optique caractérisent la production picturale élaborée à Delft entre 1650 et 1675 et que l’historiographie a tendance à reconduire à l’« École de Delft ».  Les artistes actifs dans la cité pendant ces années s'influencent mutuellement et vont se révéler particulièrement novateurs. Parmi eux, Pieter de Hooch, se détache comme étant une figure de premier plan, bien représenté également dans les collections d’Edmond James de Rothschild – dernier fils de Jacob James  (1792-1868) – qui en détenaient d’autres œuvres importantes (La Blanchisseuse, Le Jardine ;  Prevost Marcilhacy, 2016).

Ayant appartenu à Alphonse de Rothschild, puis à son fils Edmond James de Rothschild, ce tableau sera ensuite donné au musée du Louvre par la fille de ce dernier, Jacqueline Rebecca Louise Rothschild (Paris, 1911 - Los Angeles, 2012) – Madame Piatigorsky – en 1974, avec d'autres chef-d’œuvres autrefois dans les collections d'Alphonse et notamment deux aiguières du XVIe siècle aux armes de Gilles de Montmorency-Laval (inv. OA10589 et 10588), ainsi qu'une salière aux emblèmes de Henri II (inv. OA10590).

Laura de Fuccia, cheffe de projet, INHA

 En savoir plus :

Bibliographie

–  Bascou, Marc, « Les héritiers du baron Édouard de Rothschild », dans P. Prevost-Marcilhacy (dir.), Les Rothschild, une dynastie de mécènes en France, 3 vol., Paris, éditions du musée du Louvre/Bibliothèque nationale de France/éditions d'art Somogy, 2016, III, p. 319.

–  Jestaz, Jestaz, « Poteries de Saint-Porchaire », La Revue du Louvre et des musées de France, « Nouvelles
acquisitions », 1975-5-6, p. 384-396 (inv. OA 10588, OA 10589, OA 10590).

– [Paul Leroi], « Le baron Alphonse », L’Art, 3e S. 1905, n° 5, p. 257-293.

– Sutton, Peter, Pieter de Hooch: Complete Edition, Oxford, 1980.

– Sutton, Peter, Pieter de Hooch, 1629-1684 (cat. exp. Londres, Dulwich Picture Gallery, 3 septembre – 15 novembre 1998; Hartford, Wadsworth Atheneum, 17 décembre 1998 - 27 février 1999), sous la dir. de Peter Sutton, New Haven - Londres, Yale University Press, 1998, pp. 112-113, n° 12.

Ressources en ligne

Consulter le dossier thématique dédié aux collections d'Alphonse de Rothschild à l'Hôtel de Talleyrand.