Un importun, par Marie Louveau-Rouveyre

Au Palais-Fesch-Musée des Beaux-Arts d'Ajaccio

La mort de Sisara, par Antoine-Louis Manceaux

Marie Louveau-Rouveyre

Un importun

D’après un tableau de Philippe Rousseau

Eau-forte

540 x 690 mm

Ajaccio, Palais Fesch-musée des Beaux-Arts

Inv. MFA 885.1.7

Don Paul Leroi en 1885

 

L’aquafortiste Marie Louveau-Rouveyre, élève de Léopold Flameng, expose régulièrement au Salon, de 1873 à 1905, des gravures de reproduction, essentiellement d’après des tableaux contemporains, mais elle illustrera aussi des poèmes de Victor Hugo ou un roman à succès d’Octave Feuillet, M. de Camors. En 1874, sous son seul nom de jeune fille, Louveau, elle expose Un Importun, d’après un tableau de Philippe Rousseau, qui avait été commandé par l’État en 1850 (aujourd’hui Paris, musée d’Orsay).

Rousseau crée avec des animaux une saynète sentimentale et amusante, située dans un écrin de rideaux et de tapis somptueux. Il expose ses natures mortes et scènes de genre animalières avec grand succès, depuis 1844 jusqu’en 1882, suscitant les louanges de Charles Baudelaire comme de Théophile Gautier. Plusieurs fois médaillé, officier de la Légion d’honneur en 1870, il eut plusieurs clients prestigieux, comme la princesse Mathilde, la duchesse d’Albe, sœur de l’impératrice Eugénie, ou James de Rothschild, pour qui il créa des décors dans le style d’Oudry ou Desportes, ou encore la fille du baron James, Charlotte, dont il devint proche et à qui il dédia un Hommage à Chardin (Maastricht, Noortman), partageant avec la Baronne une même passion pour ce peintre (Prevost-Marcilhacy, 2016, p.193).

La gravure de Marie Louveau-Rouveyre est offerte en 1885 au musée d’Ajaccio, avec onze autres, par Paul Leroi, pseudonyme de Léon Gauchez, critique, marchand, mécène et collaborateur d’Alphonse de Rothschild. Un importun est en outre publié dans la luxueuse revue de Paul Leroi, L’Art (1875, T. II, p. 120-121), revue financée par Alphonse de Rothschild et sa sœur Charlotte afin d’encourager l’eau-forte. Fustigeant dans L’Art les défaillances de l’État en matière d’envois dans les musées, Paul Leroi achète de nombreuses œuvres au Salon, pour le compte d’Alphonse de Rothschild ou en son nom propre, qu’il fait rapidement envoyer sur tout le territoire, surtout dans les petits musées de province (Prevost-Marcilhacy, 2016, 1, p. 143). Cette politique active débute en 1885, le musée d’Ajaccio en est donc un des premiers bénéficiaires.

Annick Le Marrec. Documentaliste au Palais Fesch-musée des Beaux-Arts