Suzette, par Jeanne Pinot

Au musée d'art et d'archéologie du Pays de Laon

Jeanne Pinot, Suzette

Jeanne Pinot 
(Misy, 19e siècle)

Suzette

Huile sur toile
H. :  57,5 cm ; L. : 44,5 cm

Signé en haut à gauche

Don Alphonse de Rothschild, 1903
Laon, musée d'art et d'archéologie du Pays de Laon, inv. 990.1618
Salon de 1903, n° 2323

On connait peu de chose sur cette artiste qui selon les périodes signe « Jane Pinot », comme c'est le cas sur ce tableau, ou « Jeanne Pinot », son véritable nom. Spécialisée dans le pastel, Jeanne Pinot est mentionnée à plusieurs reprises par la critique d'art pour la qualité de ses œuvres. D'ailleurs, elle reçoit une mention honorable en 1900. Trois années plus tard, elle présente au Salon ce pastel.

Ce portrait intitulé Suzette représente une fillette accompagnée d'un Polichinelle. Représenté au premier plan, avec des couleurs vives et chatoyantes, ce jouet occupe une place importante dans cette œuvre. Polichinelle a une longue histoire et trouve son origine dans le théâtre de la Commedia dell’Arte, Polichinelle est alors une marionnette connue sous le nom de Pulcinella. Jean Brioché, marionnettiste italien fait connaître en France ce personnage insolent, ivrogne et rostre qui prend alors le nom de Polichinelle. Cette marionnette connaît un vif succès en France. Mais c'est Madame d'Aulnoy qui fait pénétrer Polichinelle dans le monde de l'enfance en en faisant un personnage de ses contes. Et, dès le milieu du XVIIIe siècle, Polichinelle est attesté clairement comme un jouet pour enfant ; la mode des pantins y est probablement pour quelque chose. Le succès de ce personnage est tel que Polichinelle devient un nom commun. Finalement, pour l'enfant, il est à la fois une poupée mais représente aussi une menace pour les autres jouets. Cette ambiguïté apparait notamment dans les Œuvres autobiographiques de Georges Sand. Le Polichinelle souriant de Suzette n'a ici rien d'inquiétant et semble bien à son aise sur le bras de sa maîtresse. 

Morgane Reck, assistante de conservation, musée d'art et d'archéologie du Pays de Laon 

En savoir plus 

Bibliographie

– Manson Michel, « Comment Polichinelle est devenu un jouet à l’inquiétante étrangeté (XVIIe – XIXe siècles), dans : Jeu et Histoire - L’Émoi de l’Histoire, Revue de l’Association historique des élèves du lycée Henri IV, n° 25-26 printemps-automne 2002, p. 44-68.