Pyrrha de Tassaert

Au musée du Louvre, département des sculptures

Pyrrha de Tassaert

Jean-Pierre-Antoine Tassaert
Anvers, 1727 - Berlin, 1788

Pyrrha

1773-1774
Marbre
H. : 167 cm ; L. : 86 cm ; Pr. : 69 cm
Paris, musée du Louvre, département des Sculptures, dépôt des collections du château de Ferrières, ENT 1999. 23

Cette sculpture, de grandeur nature, a été commandée par le contrôleur général des finances Joseph-Marie Terray (au pouvoir de 1715 à 1718) pour orner la galerie de son somptueux hôtel rue Notre-Dame-des-Champs à Paris. Elle faisait partie d'un ensemble comprenant le Mercure ou le Commerce d'Augustin Pajou (1780, Paris, musée du Louvre, depuis 1915), l'Apollon ou les Beaux-Arts de Louis-Philippe Mouchy (1779, Paris, musée du Louvre, depuis 1973) et Cérès ou l'Abondance de Jean-Baptiste Pigalle (1774-1778, collection particulière). Un deuxième groupe de quatre œuvres le complétait : la Géométrie et l'Architecture de Jean-Jacques Caffiéri (1776, Waddesdon Manor), la Géographie et l'Astronome de Félix Lecomte (1778, Waddesdon Manor), la Poésie et la Musique de l'atelier de Clodion (1774-1778, Washington, National Gallery of Art), ainsi que la Peinture et la Sculpture du même Tassaert (1774-1778, Washington, National Gallery of Art.

Le programme décoratif de cet ensemble faisait allusion (Réau, 1921 ; Bailey,1993) à la justesse des orientations et aux bienfaits supposés de la politique du ministre, ainsi qu'à ses fonctions dans le domaine des arts, en tant que directeur des bâtiments du Roi (1773-1774). Le sujet de cette sculpture en particulier est inspiré des Métamorphoses d'Ovide. Pyrrha et son époux Deucalion, sauvés du déluge, repeuplèrent le monde après le déluge en jetant derrière eux des pierres qui, au contact de la terre, se transforment par la suite en femmes et en hommes, ici représentés par des enfants. La Pyrra ferait alors allusion (Grandsart, 1997) au bonheur et à la prospérité de la population dans la paix protégé par Apollon, symbole de la monarchie éclairée, tout comme les activités commerciales et agricoles (Mercure et Abondance). 

La Pyrrha fait partie de rares œuvres de Tassaert qui se trouvent aujourd'hui en France. On en avait perdu la trace après son rachat par la famille lors de la vente des collections du ministre, en 1779, et qu'elle ait été signalée dans le parc du château familial de La Motte-Tilly en 1818. Elle a été récemment identifiée par Hervé Grandsart (1997) dans le parc du château de Ferrières. On suppose qu'elle a été achetée par Alphonse de Rothschild en 1881 avec un ensemble de sculptures prestigieuses du XVIIIe siècle provenant du parc de Ménars.

Laura de Fuccia, Chef de projet, Institut national d'histoire de l'art

Augustin Pajou, Mercure ou Le Commerce, 1870, Paris, musée du Louvre. 

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Bibliographie

– Grandsart, Hervé, « La Pyrrha de Tassaert retrouvée», Revue de l'art, 1997, 115, n°1, p. 66-68. 

– Bailey, Colin B., « Mécénat privé ? Mécénat public ? L'abbé Terray, collectionneur de sculptures contemporaines » dans Clodion et la sculpture française de la fin du XVIIIe siècle, actes du colloque (Paris, musée du Louvre, 20-21 mars 1992), Paris, 1993, p. 189-222. 

– Réau, Louis, « Une statue de Pigalle retrouvée : La moissonneuse ou l'Abondance », Revue d'art ancien et moderne, XXXIV, 1, janvier 1921, p. 50-62. 

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Ressources en ligne

http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=4204