Les boiseries du Salon des Singes

À la Villa Ephrussi de Rothschild

Les boiseries du salon des Singes

France, XVIIIe siècle

Les boiseries du Salon des Singes

Bois, toile peinte

Saint-Jean-Cap-Ferrat, Villa Eprhussi, salle n° 31, EdR 1687-1777

Don Béatrice Ephrussi de Rothschild, 1934.

La salle n° 31 de la Villa Ephrussi de Rothschild, dite Salon des Singes, possède un ensemble de boiseries représentant diverses singeries. Cet ensemble se compose de plusieurs panneaux, lambris et parcloses d'époques différentes. Trois des éléments les plus anciens de ces boiseries sont datés de 1730, il s'agit d'une paire de trumeaux et d'une toile peinte. Les trumeaux, actuellement placés en vis-à-vis comme dessus de glace, représentent chacun deux singes dansant sur un fond blanc dans un encadrement en rocaille peinte en or et vert. Les colorations douces et la qualité du dessin marquent leur appartenance à la polychromie du début du règne de Louis XV. Le panneau peint, contemporain des trumeaux et remplaçant l'un des deux miroirs, est une singerie décorée à la manière de Claude Audran (1658-1734) ou de Jean Berain (1678-1726). Il est orné d'une première scène dans le bas représentant deux singes patinant sur glace Le décor central met en scène quatre personnages avec un traineau dans un paysage hivernal et est encadré par trois médaillons en camaïeu bleu représentant les signes du zodiaque de l'hiver. Bruno Pons (1995) propose de définir la scène de patinage des singes comme une allégorie de l'hiver qui s'inscrit dans une série représentant les quatre saisons.

Allégorie de l'hiver, panneau peint, Villa Ephrussi de Rothschild, salon des Singes, EdR 1689 (C) Villa Ephrussi de Rothschild.

D'autres panneaux peints plus hétéroclites sont à remarquer, parmi lesquels deux peintures sur bois sous forme de trophées qui  illustrent l'été et l'automne et rappellent l'allégorie de l'hiver précédente. Un autre ensemble de panneaux formant un lambris bas portent des attributs de divinités : lyre et soleil pour Apollon, cors de chasse et flèches pour Diane, caducée et casque ailé pour Mercure, massue pour Hercule et thyrse pour Bacchus. Enfin, l'ensemble de ces panneaux est harmonisé par diverses parcloses à guirlandes de fleurs dont la plupart semblent dater du règne de Louis XVI, toutefois les singes, d'une facture naturaliste plus dure, sont des ajouts datant peut-être de 1911.

Cette pièce est un exemple marquant du goût affiché par Béatrice Ephrussi dans sa villa de Saint-Jean-Cap-Ferrat. L'intégration dans un même ensemble de boiseries de différentes époques mais également d'ajouts contemporains prouvent que la conservation archéologique de ces boiseries n'est pas une priorité tandis que leur intégration discrète dans un ensemble, hétéroclite certes, revêt plus d'importance. Elle créée alors dans chacune de ses pièces une ambiance homogène et plaisante, unifiant les tons et les genres afin d'en faire l'écrin de ses collections.

Attributs d'Apollon : lyre et soleil, Villa Ephrussi de Rothschild, salon des Singes, EdR 1695-1700 (C) Villa Ephrussi de Rothschild.

Myriam Chevallier, chargée de documentation, Institut national d'histoire de l'art

En savoir plus 

Bibliographie

– Leben, Ulrich, « Le XVIIIe siècle à la Villa Ephrussi de Rothschild », dans P. Prevost-Marcilhacy (dir.), Les Rothschild, une dynastie de mécènes en France, 3 vol., Paris, éditions du Louvre/BNF/Somogy, III, 2016, p. 286-315.

– Pons, Bruno, Grands décors français, 1650-1800 : reconstitués en Angleterre, aux États-Unis, en Amérique du Sud et en France, Dijon, éd. Faton, 1995.