La Boudeuse (Jeune enfant suçant son pouce), par Lucien Schnegg

Au Musée d'art, histoire et archéologie d’Évreux

La Boudeuse (Jeune enfant suçant son pouce), par Lucien Schnegg

Lucien Schnegg

(Bordeaux, 1864 – Paris, 1909)

La Boudeuse (Jeune enfant suçant son pouce)

1896
Statue en plâtre grandeur nature
H. : 88 cm x L. : 40 cm

Evreux, Musée d'art, histoire et archéologie, inv. : N°11239
Don Baron Alphonse de Rothschild, membre de l’Institut, Novembre 1896.

La Boudeuse (Jeune enfant suçant son pouce)

Le don de cette œuvre à la ville d’Evreux par le baron Rothschild en 1896 procède à la fois du mécénat organisé à partir de 1885 avec pour intention première le développement des musées de province, comme du désir d’Alphonse de Rothschild de faire connaître les artistes contemporains au-delà de la sphère parisienne. Les archives municipales de la ville d’Evreux ne disposent que de lettres écrites par Paul Leroy à la municipalité, sans pour autant que les raisons du choix de la ville ne soient précisées.
Lucien Schnegg réalisa de nombreux portraits de ses filles à différents âges (cinq mois, sept mois, dix-huit mois). Il a, dans cette statuette, représenté sa fille Louise à dix-huit mois suçant son pouce, l’air boudeur, œuvre d’une grande justesse et d’une exquise sensibilité.

Lucien Schnegg apprend à Bordeaux le métier de décorateur ornemaniste qu’il commence à exercer à Paris, en 1884, et il entre dans l’atelier d’Alexandre Falguière. Il y trouve sa vocation et expose des bustes et des médaillons au Salon de 1887 à 1890. Au Salon des Artistes Français de 1887, au Palais des Champs-Elysées, il expose en même temps que son frère Gaston, le portrait en plâtre de ce dernier. Il exécute, pendant les années suivantes, surtout des bustes et des statuettes d’enfant « dont le charme rappelle parfois Carpeaux et qui ont une grande élégance plastique » (Jean Alazard, 1935). Schnegg est très attaché à l’idée que la sculpture est l’art complémentaire de l’architecture et en 1893, il obtient la commande d’une fontaine monumentale par la ville de Toul mais ses difficultés financières l’empêchent de continuer dans cette voie. Pour gagner sa vie, il travaille alors comme praticien chez ses confrères, plus particulièrement chez Rodin dont il subit l’influence à partir de 1900 (mais - à la différence de nombreux autres artistes évoluant dans l’entourage du maître - il parvient à en dépasser l’ascendant). Son œuvre personnelle reste très proche de sa famille et de ses amis dont il réalise de nombreux portraits. Le Portrait de Jane Poupelet est considéré comme un chef-d’œuvre de la sculpture de la fin du XIXe siècle.

Aux obsèques de Lucien Schnegg, Rodin écrit dans la préface du livre de tombola qu’il organise alors en faveur de la veuve et des enfants du défunt : « (…) Lucien Schnegg a eu le courage d’être un vrai sculpteur, il a tant tiré de lui-même, à la façon des réformateurs. Il a laissé des œuvres de chemin, de plus belles encore, puis un chef-d’œuvre plein : Le buste de la République. (...) ». Un autre jour, il témoigne encore : « Lucien Schnegg était un grand artiste qui vient, malheureusement, de mourir trop tôt et, au moment où il allait avoir le résultat de ses travaux remarquables, dont un de ses derniers, le buste de La République, est un chef-d’œuvre. Certainement, il aurait été l’un des plus grands sculpteurs de son époque (…). » (Frédéric Damay, 1997).

Céline Guieu, Chargée de documentation au Musée d’Evreux

En savoir plus

Bibliographie

La sculpture du XIXe dans l'Eure. Bernay. 1987 (p.143, n° 258)

– Frédéric Damay, Lucien Schnegg, sculpteur, Sa vie, son œuvre, Etudes Touloises, mars 1997.