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L'envoi des fleurs, par Auguste Toulmouche
Au musée d'art et d'archéologie du Pays de Laon
Auguste Toulmouche
(Nantes, 1829 - Paris, 1890)
L'envoi des fleurs
1888
Huile sur toile
H. 78 cm ; L. : 63, 5 cm
Don Alphonse de Rothschild, 1891
Laon, musée d'art et d'archéologie du Pays de Laon, inv. 990.1706
Salon de 1888, n° 2398
Une jeune femme mondaine dans un intérieur cossu, des étoffes délicates, un rendu léché et réaliste, ce tableau illustre parfaitement la production artistique qui a fait la renommée d'Auguste Toulmouche. Cet artiste nantais arrive à Paris en 1846 pour poursuivre ses études artistiques. Il devient alors l'élève de Gleyre et, dès 1848, expose au Salon.
Ses débuts sont marqués par un vif intérêt pour l'Antiquité influencé notamment par son ami Hamon ainsi que Gérôme, tous deux figures marquantes du groupe des néo-grecs qui préfèrent aux peintures d'histoire des scènes de la vie quotidienne ancrées dans une Antiquité supposée. Les œuvres néo-grecques de Toulmouche lui garantissent déjà un premier succès. De plus, sa carrière parisienne est soutenue par plusieurs achats de la famille impériale lui offrant une belle reconnaissance. En 1857, sa production artistique prend un véritable tournant et Toulmouche délaisse alors l'Antiquité pour des scènes de genre contemporaines et plus particulièrement des représentations du quotidien de la société bourgeoise parisienne où la femme élégante et apprêtée tient une place d'honneur. D'ailleurs, au Salon de 1874, Emile Zola, railleur, mentionne les « délicieuses poupées de Toulmouche ». Mais dans ce nouveau style, Auguste rencontre un succès retentissant et devient rapidement un peintre très en vogue. La demande est telle qu'il réalise parfois plusieurs exemplaires d'un même tableau pour satisfaire sa riche clientèle. D’ailleurs, l’Envoi de fleurs a même été reproduit sous forme d’estampe gravée par Marie Louveau-Rouveyre.
Pendant près de trente années, Auguste Toulmouche se cantonne à ce même style en opposition à la peinture d'avant-garde ce qui lui vaut quelques critiques parfois assez virulentes. « […] comme s'il [Manet] protestait puritainement contre ces rideaux trompe-l'œil, ces mobiliers de bric-à-brac que la grande et petite toulmoucherie, et les nature-mortiers, entassent de peur de passer pour pauvres.» (E. Duranty, 1870).
Dans ce contexte de modernité, la peinture de Toulmouche apparaît comme surannée et malgré le fléchissement de son succès à la fin des années 1870, l'artiste reste fidèle à ses scènes de genre tout en réalisant également des portraits dont celui de la comédienne Réjane ou encore de la tragédienne Mme Caron. L'Envoi de fleurs, exposée en 1888 au Salon, fut donnée par le baron Alphonse de Rothschild au musée de Laon en 1891 à l'occasion de la réouverture du musée après son déménagement dans l’ancien hôtel des templiers. L'année précédente, le baron avait offert au musée le tableau Fleurs de ronces réalisé par l'épouse d'Auguste Toulmouche, Marie Lecadre. Par son mariage, Toulmouche se retrouve en parenté avec le jeune Claude Monet sur lequel il veillera lors de ses débuts à Paris.
Morgane Reck, assistante de conservation, musée d'art et d'archéologie du Pays de Laon
En savoir plus
Bibliographie
– Durand-Ruel, Paul, Catalogue des tableaux, esquisses & études par A. Toulmouche […] vente du 2 mars 1891, 1891
– Duranty, E., « Le Salon de 1870 », dans : Paris-Journal, 5 mai 1870, cité dans : La promenade du critique influent - Anthologie de la critique d'art en France 1850-1900, textes réunis et présentés par J.-P. Bouillon, N. Dubreuil-Blondin, A. Ehrard et C. Naubert-Rieser, Paris, Hazan, 1990, p.168.