L’arc de triomphe de Maximilien I

Au musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild

L’arc triomphal de Maximilien I, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild

L’Arc de triomphe de Maximilien I, avec son texte explicatif 

Dessins d’Albrecht Dürer, Hans Springinklee, Wolf Traut et Albrecht Altdorfer d’après un projet de Johannes Stabius et Jörg Kölderer
Gravures de Hieronymus Andreae

Gravure sur bois, 1ère édition, 1517-1518
Dimensions avec le texte : H : 3,409 ; L : 2,922 
Paris, musée du Louvre, département des Art Graphiques, collection Edmond de Rothschild, L 37 LR /253 à 288 (folio 114 à folio 149)

L’exposition Renaissance : révolutions dans les arts en Europe, 1400-1530 (Louvre Lens, 2012) fut l’occasion pour redécouvrir en France l’imposant arc de triomphe de l’empereur germanique Maximilien de Habsbourg (1459-1519). Cette extraordinaire composition faite à partir de 195 planches gravées sur bois imprimées sur 36 feuilles étonne par ses dimensions et témoigne du travail de collaboration entre les artistes travaillant dans la ville de Nuremberg dans la deuxième décennie du XVIe siècle.

Inédit dans ses proportions, cet ensemble traduit la volonté d’exporter au-delà des frontières la magnificence de la maison des Habsbourg. Les Arcs de Triomphe des empereurs romains, comme celui de Constantin ou de Titus, furent les modèles sur lesquels l'empereur s’appuya pour faire la propagande de la grandeur de son Empire. Le programme iconographique se déroule autour de trois portes. La place centrale de la composition est accordée au sujet de l’Honneur, cette porte principale est flanquée de deux autres : celle de la Renommée à gauche et de la Noblesse à droite. L’arbre généalogique des ancêtres de Maximilien repose sur l’arc de l’Honneur au niveau central qui est couronné par un dôme abritant aussi la figure de l’Empereur.

Du concepteur du projet aux graveurs, ce travail réunit différents penseurs et artistes peintres, graveurs, et poètes de la cour de l’empereur sous les ordres d’Albrecht Dürer. Celui-ci commença sa réalisation en 1515 sur la base d’un projet de structure conçu par Johannes Stabius (vers 1460-1522), puis repris par Jörg Kölderer (1465/70-1540). Hieronymus Andreae (vers 1485-1556) se chargea de la réalisation des planches, aujourd’hui conservées à l’Albertina. Albrecht Dürer, qui, en réalité, ne fournit des dessins que pour une vingtaine de planches, confia à ses élèves Hans Springinklee (vers 1490-vers 1540) et Wolf Traut (vers 1485/1490-1520) la réalisation de la plupart des scènes historiques de la porte de la Renommée et de celles de la partie gauche de l’encadrement. Ils sont également auteurs de beaucoup de figures de l’arbre généalogique central. Enfin, Albrecht Altdorfer (1488-1538) s’occupa des scènes situées sur les tours des extrémités latérales.

La première édition fut tirée entre 1517-1518, suivirent une deuxième en 1526-1528 et une troisième en 1559 publiées toutes les deux à Vienne. Enfin, une quatrième édition vit le jour en 1799 grâce à Adam von Bartsch et dont le baron E. de Rothschild acquit un exemplaire (L 108 BIS LR). Les 36 feuilles de la première édition dont il est ici question sont conservées à l’intérieur du deuxième volume de l’œuvre gravé sur bois d’Albrecht Dürer de la collection Edmond de Rothschild. Ces deux volumes proviennent de la collection du géographe Abraham Ortélius (1527-1598), grand amateur de l’œuvre de l’artiste. Cette édition fut tirée à plusieurs centaines d’exemplaires dont plusieurs sont arrivés jusqu’à nos jours coloriés et sont conservés, entre autres, à Berlin ou au musée Herzog-Anton-Ulrich de Braunschweig.

L’avantage de la fabrication d’un arc en papier résidait, au-delà du coût moins onéreux, dans sa facilité de transport. Accrochée aux murs des villes, il contribuait à la propagande de la politique de l’empereur qui avait essayé, par la convocation de plusieurs diètes de 1495 à 1512, de réunir les différents princes sous son égide afin de maintenir l’unité de l’Empire. Il est indéniable pourtant, que les alliances matrimoniales que Maximilien mena contribuèrent davantage à établir sa politique territoriale. Ainsi, il est fort probable que les exemplaires de l’arc de triomphe voyagèrent jusqu’aux cours princières comme témoigne l’exemplaire envoyé à sa fille Marguerite d’Autriche, régente des Pays-Bas.

Victoria Fernandez, Documentaliste scientifique, collection Edmond de Rothschild, Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques

En savoir plus 

Bibliographie

– Bartrum, Giulia, Dürer and his legacy : the Graphic Work of a Renaissance Artist, cat. de l'exp. (Londres, British Museum, 5 décembre 2002 - 23 mars 2003), Londres, Princeton University Press/British Museum, 2002, p. 194 à 197, n° 139.

– Bartrum, Giulia, German Renaissance Prints, 1490 -1550, Londres, British Museum Press, 1995, p. 50 à 53, n°37.

– Grollemund, Hélène, dans Bresc-Bautier, Geneviève, Renaissance : révolutions dans les arts en Europe, 1400-1530, cat. de l'exp. (Lens,  musée du Louvre-Lens, 12 décembre 2012 - 11 mars 2013), Lens, musée du Louvre-Lens-Paris, Somogy, 2012, p. 245-249.

– Schoch, Rainer, Mende, Matthias et Scherbaum, Anna, Albrecht Dürer : das druckgraphische Werk, vol. II,  Holzschnitte und Holzschnittfolgen, Munich, Prestel Verlag GmbH & Co. KG, 2002, p. 389 à 412.  

– Strauss, Walter L., The Illustrated Bartsch, vol. X, Sixteenth Century German Artists--Albrecht Dürer, New York : Abaris Books, 1980/1981, p. 417 à 421.

Ressources en ligne

http://arts-graphiques.louvre.fr/detail/oeuvres/2/580151-Larc-de-triomphe-de-Maximilien-socle-de-la-tour-gauche-souverains-et-trophees-max