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Tête de femme pleurant – La Pleureuse, par Auguste Rodin
Au musée des Beaux-Arts de Dijon (c) François Jay / musée des Beaux-Arts de Dijon
Auguste Rodin
(Paris, 1840 - Meudon, 1917)
Tête de femme pleurant – La Pleureuse
4e quart du 19e siècle
Bronze
H. : 21 cm ; L. : 20 cm ; P. : 12 cm
Signé
Dijon, musée des Beaux-Arts, Inv. 1000
Don Alphonse de Rothschild, 1891
La Tête de femme pleurant, aussi connue sous le nom de La Pleureuse, est une des variations d'une série de masques originellement destiné à La Porte de l'Enfer, œuvre charnière de la carrière d'Auguste Rodin. Pour cette commande monumentale de l’état en 1880 d'une porte d'entrée du musée des arts décoratifs de Paris, l'artiste s'appuie sur La Divine Comédie de Dante afin d'en donner une interprétation personnelle et moderne. Puisant son inspiration dans la première partie du poème consacré à l'enfer, le sculpteur crée plus d'une centaine de personnages représentant des célèbres damnés comme Ugolin mais également des figures incarnant le pathos et la douleur. Ce travail titanesque qui occupe le sculpteur de 1880 à 1889 voit naître deux versions ; une première vers 1889 et une seconde plus dépouillée en 1900. Suite à l'abandon du projet et par conséquent à un manque de financement, elles restent à l'état de plâtre du vivant de l'artiste et ne seront fondues en bronze qu'après sa mort.
Cette œuvre appartient ainsi à la série de masques de pleureuses initialement présente sur La Porte. Bien qu'elles n'apparaissent plus dans la version finale de l’œuvre, l'écrivain Octave Mirbeau en livre une description saisissante en 1885: « Des bas-reliefs […] sur lesquels saillent des masques de la douleur. Le long du fleuve de boue, des centaures galopent, emportant des corps de femmes qui se débattent, se roulent et se tordent sous les croupes cabrées1. »
Selon les différentes versions, la tête est soit travaillée comme un portrait fixé sur un socle, soit comme un bas-relief émergeant timidement du bloc dans lequel elle est taillée. Ici, une chevelure épaisse encadre le visage et le commencement d'un cou. Les traits crispés de la femme tels que ses yeux plissés, ses pommettes contractées et sa bouche serrée soulignent le sentiment de douleur et de désespoir qui l'envahit. Bien que l'artiste n'ait pas représenté de larmes, l'expression faciale suffit à les évoquer tant elle est frappante de réalisme.
Il existe plusieurs versions de ce sujet en bronze mais également en marbre et en céramique dont certaines sont actuellement conservés au Musée Rodin à Paris.
Jessica Watson, attachée de conservation, musée des Beaux-Arts de Dijon
En savoir plus
– Barbier, Nicole, Marbres de Rodin, collection du musée, Paris: Musée Rodin, 1987, p. 84
– Blanchetière, François, “La Porte de l'Enfer” dans Chevillot, Catherine et le Normand-Romain, Antoinette (dir.) Antoinette, Rodin, le livre du centenaire, Paris, Les éditions RMN-Grand Palais, 2017, p. 60-63.
– Kjellberg, Pierre, Les Bronzes du XIXe siècle : dictionnaire des sculpteurs, Paris, Les Éditions de l'Amateur, 2001.
–Mirbeau, Octave, “Auguste Rodin”, La France, 18 février 1885, republié dans Pierre Michel et Jean-François Nivet (éd.), Octave Mirbeau. Combats esthétiques, vol. 1: 1877-1892, Paris, Séguier, 1993, p. 116-120, repris dans François Blanchetière, “La Porte de l'Enfer”, Rodin, le livre du centenaire, Paris, Les éditions RMN-Grand Palais, 2017, p.62
– Quarré, Pierre, Musée des Beaux-Arts de Dijon : Catalogue des sculptures, Dijon, musée de Dijon, 1960.