À Cancale, chercheuses d'huîtres, par Gustave Le Sénéchal de Kerdréoret

Au Musée d'art, histoire et archéologie d’Évreux

À Cancale, chercheuses d'huîtres, par Gustave Le Sénéchal de Kerdréoret

Gustave Le Sénéchal de Kerdréoret

(Hennebont, 1840 – Paris, 1933)

À Cancale, chercheuses d'huîtres

Antérieur à 1890
Huile sur toile
H. : 90 cm x L. : 110 cm X P : 2 cm

Signé en bas à droite : Le Sénéchal

Evreux, Musée d'art, histoire et archéologie, inv. : N° 8070
Don Baron Alphonse de Rothschild, 30 juillet 1890, immédiatement après sa présentation au Salon de 1890.

À Cancale, chercheuses d'huîtres

Le don de cette œuvre à la ville d’Evreux par le baron Alphonse de Rothschild en 1890 procède du mécénat organisé à partir de 1885 avec pour intention première le développement des musées de province. Les archives municipales ne disposent que des lettres écrites par Paul Leroy au maire d’Évreux, sans pour autant que les raisons du choix de la ville ne soient précisées. Dans l’une d’elles, il est en revanche mentionné que l’œuvre donnée était « un des meilleurs tableaux du salon de cette année ».  
Elève de Jules Noël et de Antoine Vollon, Gustave Le Sénéchal de Kerdreoret s’est fait connaître par son premier envoi au Salon de 1869. Il peignit surtout des vues marines de Bretagne et de Normandie, notamment des ports de pêche et des barques échouées sur la grève, représentations dans lesquelles il excelle à rendre les valeurs atmosphériques.

Cancale, dans la baie de Saint-Malo, est le site de prédilection de cet artiste. Il est réputé, depuis le 16e siècle, pour la qualité de ses huîtres. Dans les années 1890, environ 800 "parqueurs" étaient recensés. Ces ostréiculteurs disposaient d'une concession numérotée et pratiquaient l'élevage des huîtres dans des parcs. Chaque parcelle étant entourée de claies, branchages de bouleaux entrelacés avec des piquets verticaux appelés "morins". Cette activité essentiellement féminine constituait une source de revenus visant à améliorer le quotidien ou un salaire pour les veuves des marins. Les grandes marées étaient propices à la réfection des parcs et souvent après celles-ci, les femmes pouvaient "glaner".

"À Cancale, chercheuses d'huîtres" est une vue de bord de mer, sous un ciel changeant qu'animent des personnages. Sur la grève dégagée par le reflux de la marée, des femmes glanent les huîtres roulées par la mer, échappées des parcs d'élevage que l'on aperçoit à gauche, en cours d'exploitation. À droite subsistent les pieux brisés de parcs abandonnés. Le groupe de femmes se détache avec cette posture particulière : debout, ou courbées vers le sable, tout le haut du corps plonge vers le sol alors que le dos reste droit. Au fond à gauche, on distingue un groupe de personnes et une femme près d'une "doris", barque ou plate occupée par un ostréiculteur.

Il n’y a pas ici de volonté de la part de l’artiste de réaliser un portrait des femmes. Celles-ci restent anonymes. On peut noter en revanche une réelle intention réaliste mais en même temps, comme beaucoup de ses toiles, il s’agit d’une volonté emblématique et généralisante, ayant pour thème : « le travailleur ».

Céline Guieu, Chargée de documentation au Musée d’Evreux

En savoir plus

Bibliographie

– Marc Déceneux, Peintres en Haute-Bretagne. Ille et Vilaine. Comité de Tourisme de Haute-Bretagne. Rennes, 2003

Des plaines à l'usine : images du travail dans la peinture française de 1870 à 1914 : exposition, Dunkerque, Musée des beaux-arts, 21 oct. 2001-27 janv. 2002. Somogy Editeurs, 2001.

– Kerlo, Le Bihan, Peintres de la côte d'Emeraude. Chasse-marée. Hachette. 1998.

– Gérard Guillot-Chêne, Paysages dans les collections du musée d'Evreux. Exposition. Evreux, 1987.